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ANNEXE 4 : Comment Jocelyne GIASSON présente le travail de découverte du fonctionnement de l’écriture par l’enfant.

LA CONCEPTION DU FONCTIONNEMENT DE L’ÉCRITURE.

Comment Jocelyne GIASSON présente le travail de découverte du fonctionnement de l’écriture par l’enfant.
Comment observer où l’enfant en est dans sa conception de l’écriture (Ferreiro, Besse, Fijalkov)

L’enfant d’âge préscolaire découvre l’idée fondamentale que c’est le scripteur et non le lecteur qui met le message dans le texte et que le scripteur peut relire son message. À un certain stade, le jeune enfant croit que c’est le lecteur qui a le pouvoir de choisir le sens du message écrit. Ainsi, des enfants vous demanderont, en vous présentant une page de gribouillis : "Qu’est-ce que j’ai écrit ?" (p. 153)

L’OBSERVATION

Dans les activités quotidiennes, vous pourrez observer la conception de l’écriture de l’enfant à travers la signification qu’il accorde à ses productions. Pour une observation plus poussée, demandez à l’enfant d’écrire une histoire portant, par exemple, sur la façon dont il a appris à rouler à bicyclette. Dites-lui qu’il ne s’agit pas d’écrire "comme les grands", mais d’écrire comme on écrit à la maternelle ou d’écrire comme il l’entend. Demandez-lui ensuite de vous relire ce qu’il a écrit. Le tableau 5.7 peut vous permettre de situer le niveau de conception de l’enfant.
Notons que l’enfant qui refuse d’écrire n’est pas nécessairement un enfant qui ignore comment fonctionne l’écriture ; Il peut s’agir au contraire d’un enfant plus avancé qui refuse d’écrire de peur de se tromper. (p. 153)

LA DECOUVERTE DU SYSTEME ALPHABETIQUE

Dans les premiers essais d’écriture des jeunes enfants, il n’y a pas de relation entre la façon d’écrire le mot et sa prononciation. À ce stade, les enfants s’attendent souvent à ce que le mot écrit soit proportionnel à la grosseur de l’objet qu’il désigne plutôt qu’à la longueur du nom à l’oral (par exemple, l’enfant pensera qu’il faut plus de lettres pour écrire "train" que pour écrire "papillon").

GRILLE D’OBSERVATION DE LA CONCEPTION DE L’ECRITURE

Niveau 1 L’enfant ne fait pas de tentative pour écrire ou pour lire.
Niveau 2 il fait une tentative pour écrire en utilisant des marques graphiques au hasard,
mais il ne fait pas de tentative pour lire.
Niveau 3 il écrit avec un système quelconque, mais il refuse de se relire.
Niveau 4 il écrit avec un système quelconque et relit sans regarder le texte.
Niveau 5 il écrit avec un système quelconque et relit en regardant le texte.
Niveau 6 il écrit avec un système organisé et relit en regardant le texte.
Niveau 7 il écrit sous une forme lisible et se sert du texte pour relire. (p. 153)

• L’enfant franchit une étape importante lorsqu’il se rend compte que, si des mots sont différents à l’oral, il faut aussi les écrire différemment (Ferreiro, 1990). Plusieurs enfants ne connaissent que les lettres de leur prénom et la seule façon d’écrire des mots différents consiste à varier l’ordre de ces lettres.

• L’enfant comprend ensuite que les différences entre les mots écrits doivent s’appuyer sur une base objective. Il fait d’abord l’hypothèse que chaque lettre écrite correspond à une syllabe orale. Il abandonne rapidement cette hypothèse et s’aperçoit que la distinction se situe non pas sur le plan de la syllabe, mais sur celui des sons. C’est le début de la découverte du système alphabétique. L’enfant utilise habituellement toute son énergie pour écrire le début du mot en faisant correspondre les lettres et les sons. Le reste du mot contient des lettres écrites au hasard : l’enfant rajoute des graphies pour remplir l’espace (Besse, 1993).

• La représentation des phonèmes s’élargit ensuite dans l’écriture de l’enfant. On appelle "écriture provisoire" ces productions d’enfants qui essaient d’utiliser le "nom" et le "son" des lettres qu’ils connaissent pour écrire des mots. Ces enfants ne sont pas encore des lecteurs : ils peuvent fort bien être incapables de lire des mots nouveaux, mais être capables d’écrire des mots en utilisant l’écriture provisoire. Par exemple, dans une étude, on trouve l’exemple d’un enfant de quatre ans qui, pour écrire le mot "tache", a produit "th" en utilisant le "son" du t et le "nom" de la lettre h.

• Très peu d’enfants de la maternelle arrivent au stade de la découverte du système alphabétique ; cette découverte caractérisera plutôt le lecteur débutant. Cependant, comme il y a probablement dans les classes maternelles des enfants qui parviendront à cette découverte au cours de l’année, il est important que les enseignant(e)s connaissent l’ensemble des stades de développement afin de donner à ces enfants le soutien approprié.

Nous proposons la liste suivante qui comprend quatre mots variant d’une à quatre syllabes orales : coq, girafe, éléphant, alligator.
Les mots suggérés contiennent tous au moins un phonème qui correspond au nom d’une lettre (par exemple, le début du mot "girafe" correspond à la lettre j, le début du mot "coq" à la lettre k). Vous pourrez voir ainsi si l’enfant se sert de ce qu’il connaît au sujet du nom des lettres pour écrire des mots. Vous pourrez aussi observer si l’enfant utilise plus de lettres pour écrire un mot long que pour écrire un mot court. (p. 154)

La grille ci-dessous sert à analyser de façon globale l’ensemble des productions de l’enfant (Mann, 1993).

GRILLE D’ANALYSE DE LA DECOUVERTE DU SYSTEME ALPHABETIQUE

Niveau 1 Rien n’indique que l’enfant ait compris le principe du système alphabétique
(il n’existe pas de relation entre le mot écrit et le mot dicté).

Niveau 2 On trouve quelques usages du système alphabétique
(le début du mot écrit correspond au début du mot oral ou des voyelles sont écrites correctement).

Niveau 3 Il y a une relation permanente entre l’oral et l’écrit (le mot comprend l’ensemble des phonèmes).

Niveau 4 L’orthographe est standard. (p. 155)

LE DÉCHIFFRAGE

Une des découvertes que doit faire l’enfant dans sa démarche d’appropriation de la langue écrite est celle qui consiste à reconnaître que, contrairement à l’oral, la lecture demande une analyse des mots. Il doit se rendre compte qu’il existe une relation régulière (jusqu’à un certain point) entre l’oral et l’écrit. Il doit comprendre que cette relation entre le mot oral et le mot écrit s’établit par des unités inférieures au mot, c’est-à-dire des syllabes, des parties de mots, des phonèmes. Bref, il doit découvrir la nature alphabétique de la langue.
D’après des études réalisées avec des enfants de première année, relativement peu d’entre eux ont fait cette découverte avant d’entrer à l’école (Lavoie, 1989). Cependant, plusieurs enfants qui ont évolué dans leur entrée dans l’écrit feront cet apprentissage rapidement et sans problème. Par contre, pour certains enfants, cette découverte sera plus difficile ; moins l’enfant aura développé sa conscience phonologique, plus il faudra l’appuyer ("étayage") dans sa découverte du système écrit.
Pour amener les enfants à recourir au déchiffrage comme outil permettant de lire des mots de façon autonome, on doit prendre en considération trois facteurs. Il faut que les enfants
(1) découvrent la nature alphabétique de la langue ;
(2) accroissent leur bagage d’unités graphiques connues et
(3) utilisent une stratégie de résolution de problèmes pour déchiffrer les mots. (p. 176)