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Geste, signe et co-construction du sens
Texte d’introduction

Le corps est un outil de connaissance. 
Et la beauté, une forme d’intelligence.

« Concevoir le savoir comme étant à la fois une idée, une façon de la connaître et une façon de la ressentir. » (Brith Mary Barth, vie pédagogique, n° 99, p. 43)

Non seulement le corps est un outil de connaissance, mais il est le passage obligé de toute connaissance, puisque le cerveau sensori-moteur (notre reptilien qui fonde notre survie) est la voie d’accès aux cerveaux supérieurs, limbique, néo-cortex et aires frontales qui traitent les informations.

Puisque l’accès à la connaissance se fait par nos cinq sens, pourquoi ne ferions-nous pas de la beauté une manière de comprendre le monde, je veux dire ressentir, regarder, entendre, goûter non comme une simple captation (rationnelle et “scientifique”) du monde tel qu’il est, mais comme autant d’ouverture sur ses qualités sensorielles. Ce morceau de bois n’est pas simplement du bois, il a une vie propre, il se touche, brille, résonne et, si j’y suis attentif [1], il m’annonce une autre dimension, une histoire, une place et des connexions dans sa niche écologique, et peut-être même une âme.

Si la connaissance que je peux avoir du monde n’est pas seulement intellectuelle, mais aussi corporelle, la beauté serait alors une forme d’intelligence.

De même, le geste mène au signe, et le signe au sens. Il en est de même pour le mouvement, la danse, et le théâtre [2]. Et peut-être que le mythe n’est pas loin.

Le graffiti, le tag, le gribouillis sont est en liaison avec l’inconscient, et l’inconscient touche au fond commun qui nous rend proche des autres humains, et pas seulement ceux de notre culture.

Si le geste permet de construire du sens, le geste collectif (et le “faire ensemble”) amène à la co-construction du sens, donc à la connaissance. Ce qu’on appelait jadis “Education physique” devient alors manière d’être au monde, de bouger dans le monde, et de faire bouger le monde, ensemble. De faire naître ensemble un autre monde, plus digne, plus juste, plus harmonieux, plus respectueux, plus viable et plus vivable pour tous.

Chaque culture a ses gestes, sa façon de toucher. Entrer dans les gestes d’une culture, jouer sa musique et danser ses danses, permet de mieux la connaître, de mieux la respecter. De même qu’un geste d’homme n’est pas un geste de femme. Plus il y a de chemins variés pour mieux se connaître, affectivement, intellectuellement et sensuellement, plus juste et complet sera le réanchantement du monde et la joie de vivre sur terre ensemble.

L’oppression et les maladies de l’âme auront moins de prise ou trouveront, dans la beauté d’un geste, d’une danse, d’une écriture, d’un dessin, d’un accord musical, une porte d’entrée vers la résilience, la pacification, le pardon ou la réconciliation.

Je vois dans cette éducation à la beauté un antidote aux scories que véhiculent aujourd’hui sans limite et sans gène les réseaux sociaux.

“La violence est l’accumulation muette de talents réprimés.”
“Les artistes ont le don de transformer la violence en art, de sorte que même leurs ennemis puissent en jouir.”
disait Yehudi Menuhin

Je plaide pour une connaissance non seulement intellectuelle des choses mais aussi sensible (prendre en compte l’intelligence émotionnelle) dans tous les apprentissages, aussi en histoire, en géographie, en mathématique, en gymnastique et en sport, tout autant que bien sûr que dans la poésie, le théâtre, et les arts sous toutes les formes.

Michel Simonis
8 mars 2020