Voici quelques extraits du livre de James ADAMS, qui m’a beaucoup inspiré dans mes ateliers de créativité.
• Dans la perspective d’un dossier sur le corps à l’école, j’ai d’abord repris la liste des verbes d’action qui relèvent de la mobilité corporelle. Pour la liste complète, se référer à son livre, L’Explosion créatrice. Se libérer des idées toutes faites, InterEdition (1989), p. 74.
• J’ai repris ici un extrait de sa visualisation "la pomme" reprise en texte complet ici.
• Enfin, j’ai repris quelques extraits de son chapitre sur l’attitude inquisitrice, base de la créativité.
1. Stratégies mentales
Dans la liste des “stratégies mentales” développées par James Adams, j’ai relevé celles qui ont avoir avec la mobilité corporelle, la perception sensorielle et l’imagination :
Aller de l’avant - Faire un graphique -Rendre cyclique- Plonger - Construire -Jouer - Focaliser - Manipuler - Montrer - Trouver un exemple - Relier - Atténuer - Engager - Reculer - Visualiser - Rêver - Symboliser -
(in James ADAMS, L’explosion créatrice, InterEditions, p.74)
2. Exercice de visualisation : la pomme
(Extraits. Voir ICI la visualisation complète)
« Tout d’abord, fermez les yeux et détendez-vous. Dirigez votre attention vers l’intérieur.
Maintenant, imaginez que vous êtes dans un environnement familier où vous aimeriez manger une pomme. Observez tout à loisir l’ambiance sensorielle et les détails de cet endroit.
Maintenant, imaginez que vous avez dans la main une pomme délicieuse et croquante à souhait. Sentez la fraîcheur de la pomme, son poids, sa fermeté, sa rondeur, sa peau lisse et luisante. Explorez sa tige. Examinez visuellement ses détails, inspectez les meurtrissures, voyez comme la lumière du soleil se reflète sur les flancs de la pomme, comme sa peau est animée de lignes et de points, comme elle est composée de plusieurs couleurs et non d’une seule. Faites vivre cette image en vous, jusqu’à ce que votre bouche salive.
Avec un couteau, coupez la pomme pour voir ce qu’il y a à l’intérieur. Tout en explorant la pomme en détail, retournez de temps en temps à l’environnement extérieur, voyez votre main, sentez la brise légère, soyez conscient des trois dimensions des formes et de l’espace.
Maintenant, mordez dans la pomme. Écoutez son craquement juteux, savourez sa chair, son goût. Sentez son parfum discret et doux.
mangez-en un morceau. Soyez attentif à chaque sensation de l’ouïe, de l’odorat, du goût, du toucher. Prenez votre temps.
La pomme que vous venez de manger est en train d’être assimilée par votre organisme. La pomme devient une partie de vous-même.
Imaginez que vous êtes la pomme que vous venez de manger.
Imaginez que vous êtes une pomme sur un pommier.
etc…
(d’après J. Adams, l’explosion créatrice)
3. Une attitude inquisitrice
Une des aptitudes les plus importantes chez une personne créative est la curiosité. Nous avons tous eu une telle attitude quand nous étions enfants car nous devions emmagasiner une quantité incroyable d’informations en quelques années. Les connaissances que vous avez acquises avant l’âge de six ans, par exemple, dépassent de très loin tout ce qui vous a été enseigné sciemment. Une grande quantité de connaissances s’acquiert par l’observation et les questions. Malheureusement, avec l’âge, bon nombre d’entre nous perdent l’habitude de poser des questions. Cela tient à deux grandes raisons. La première est qu’on nous décourage de le faire. Quand l’enfant a atteint un certain âge, les parents et les autres adultes sont moins patients (surtout s’ils sont occupés ou s’ils ne connaissent pas la réponse) et ils ont donc tendance à décourager le questionneur. Notre système éducatif peut à peine transmettre la connaissance minimale qui est de sa responsabilité (lecture, calcul, écriture et un peu de culture générale). On y dispose de très peu de temps pour répondre aux questions, ce qui fait que celles-ci sont effectivement limitées et découragées. Beaucoup de professeurs qui commencent leur cours en suppliant les élèves de leur poser des questions le finissent en n’ayant eu ni le temps ni l’attitude encourageante nécessaires pour voir effectivement éclore ces questions.
La seconde raison pour laquelle la nature « inquisitrice » de l’enfant est éliminée (ou au moins diminuée) par la socialisation est liée au « grand jeu de la connaissance ». En grandissant, nous apprenons qu’il est bon de paraître intelligent. L’intelligence est souvent associée à la possession d’une grande quantité de connaissances. Poser une question, c’est avouer qu’on ne sait pas, ou qu’on ne comprend pas quelque chose. Notre omniscience devient douteuse.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, une attitude inquisitrice est nécessaire, d’une manière générale, pour motiver la conceptualisation. Celui qui accepte le statu quo sans poser de questions n’a pas de raison de se montrer novateur. Il ne sera pas capable de percevoir les besoins et les problèmes ; or, la réceptivité aux problèmes est une des qualités primordiales de la personne créative. Une fois que le problème est perçu, il faut avoir constamment recours à l’attitude inquisitrice pour être sûr d’arriver à une solution créative. Une personne créative doit faire preuve de scepticisme à l’égard des réponses, des techniques et des approches existantes.
Dans un livre passionnant intitulé The Universal Traveler, A SoftSystems Guide to : Creativity, Problem-Solving, and the Process of Design, Don Koberg et ]im Bagnall définissent la notion de « mécontentement constructif » comme suit :
Arriver à l’âge de seize ans, c’est posséder déjà, en général, la moitié de cet attribut important de la créativité. Il est exceptionnel de rencontrer un adolescent « satisfait » ; le mécontentement accompagne naturellement cette période de la vie. Aux yeux des jeunes, tout doit être amélioré ... Avec l’âge, notre mécontentement s’évanouit ; nous apprenons de nos contemporains que les “dénigreurs patentés” troublent le statu quo des “autres" membres moyens et normaux de la société. Des tactiques d’étouffement sont mises en place. (…) Et de ce fait, tout est à l’envers du point de vue de la créativité et de son développement. Par conséquent, une attitude constructive est nécessaire pour entretenir une condition dynamique ; mais le mécontentement est une condition préalable de la résolution des problèmes. Combinées, ces deux caractéristiques définissent une qualité fondamentale de celui qui résout les problèmes de façon créative : un mécontentement constructif en développement constant.
Cette attitude inquisitrice peut s’obtenir par un effort conscient. Il suffit de commencer à poser des questions.(…) La plupart des questions que vous vous posiez quand vous étiez plus jeune (Y a-t-il quelque chose après l’étoile la plus éloignée ? Qu’est-ce que la vie ? Pourquoi les gens meurent-ils ?) sont encore sans réponse.
En réalité, lors des réunions d’érudits et de spécialistes, la personne la plus appréciée est souvent celle qui sait poser des questions pénétrantes, et en particulier des questions simples en apparence qui font s’effondrer un théorème complexe ou une autre structure semblable de la connaissance. C’est pourquoi vous n’avez rien à perdre, et tout à gagner, à questionner.
Si vous hésitez toujours à poser des questions, en voici quelques-unes d’innocentes et de bénignes. Vous pouvez les poser à tout le monde. Vous vous apercevrez alors, par comparaison, que vous n’êtes pas aussi ignorant que vous le pensiez.
1. Pourquoi les gens dorment-ils ?
2. Les lettres se réfléchissent-elles à rebours dans un miroir ? Si oui, pourquoi ne les voit-on pas à l’envers (c’est-à-dire le haut en bas et le bas en haut) ?
3. Un canari est posé sur le fond d’une grosse bouteille cachetée placée sur le plateau d’une balance. Il s’envole et reste en l’air dans la bouteille. Que fait le fléau de la balance ? Même question avec un poisson et une bouteille pleine d’eau.
4. Qu’est-ce que la réglisse ? Pourquoi est-elle noire ?
5. Pour de nombreux cosmologistes, l’univers que nous connaissons a été créé par un « big bang » (une grande explosion), et toutes les étoiles se déplacent dans le sens imprimé par cette explosion. Qu’y avait-il avant l’explosion ?
Le questionnement est particulièrement important au stade de la détection des problèmes et de leur définition.
(L’explosion créatrice, Pages 104 à 109)