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LES CINQ SENS
Un des trois aspect de l’exercice de la Marche consciente (L’enfant magique)

Exercice de la marche consciente - expérience multi-sensorielle

Résumé
Les yeux fermés, “installé” debout dans un bon endroit qui nous convient, dans une bonne position debout :
1- Prendre conscience de son enracinement, de sa respiration, de son énergie.
2- Ressentir ce qui se passe à l’intérieur de nous. Se concentrer sur ce qu’on ressent.
3- Prendre conscience de ce qu’il y a autour de nous, à l’extérieur.

Les yeux fermés, le "(V)AKOG" (Visuel, Auditif, Kinesthésique, Olfactif, Gustatif), la richesse des potentialités, des sensations internes, et de l’extérieur, apparait avec plus de profondeur et d’amplitude.

Dispositif

Se mettre debout, occuper la pièce, la salle, la classe, libre de tables et de chaises. Si nécessaire, repousser les chaises.

Se décontracter, laisser partir les tensions dans le sol.

1. Marcher, sentir le sol, toutes les impressions kinesthésiques (guider).
Déambuler.

2. Trouver un endroit où on se sens bien avec assez d’espace autour de soi.
S’y arrêter.
S’y installer en restant debout.
Sentir le contact avec le sol, le poids du corps dans le sol, comme s’il y avait une empreinte, un enfoncement, des racines. S’enraciner : difficile de décoller les pieds, se sentir lourd dans le sol.

3. Prendre conscience du type de contact qu’on a avec le sol.
Sentir son enracinement et sa verticalité : pieds, genoux, bassin, ventre, poitrine, épaules, bras, cou, gorge et nuque, tête (sentir les différentes parties du visage)
Passer en revue.
Trouver une bonne position. Se balancer d’avant en arrière et trouver la position médiane confortable. Idem gauche-droite.
Se détendre, laisser circuler le flux.
Prendre conscience de ce qu’il faut faire éventuellement pour se sentir mieux et le faire.

4. Ressentir les impressions kinesthésiques internes, des sensations intérieures, des rythmes, des mouvements internes, gargouillements, picotements, chaleurs, parties froides…
Visuel extérieur : bien regarder tout ce qui nous entoure
puis auditives : se laisser imprégner des bruits extérieurs (la voix de l’animateur, les bruits extérieurs, proches, dans la salle, et lointain) ;
puis verbal construit (le discours mental intérieur), puis
kinesthésique extérieur : les vêtements et l’air sur la peau, la température, l’humidité… et le contact avec le sol.


5. Fermer les yeux
Visuel intérieur : revoir tout ce qu’on vient de voir.
Ressentir, écouter, goûter (le goût dans la bouche et la gorge), les odeurs
(Guider l’expérience)
6. Respiration, contact avec l’énergie apportée par la respiration.
Rouvrir les yeux pour vérifier puis reconstruire intérieurement les images internes.


7. Se mettre à marcher, les yeux fermés, lentement. Prise de conscience de comment on évite les autres et les obstacles.
8. Contact (éventuel : voir alternative 1) avec les autres : le rechercher ou pas. Comment on se sent.
9. Rouvrir les yeux. Ressentir les différences entre voir et ne pas voir.
10. Avoir un contact visuel avec les autres, tout en marchant.
11. Choisir un partenaire et partager son expérience.

Alternative 1

 Maintenant soyez attentif à échanger quelque chose avec l’autre (les autres), toujours les yeux fermés, toujours sans parole, en marchant de l’un à l’autre ou en prenant le temps avec une personne.

 Ouvrez les yeux, entrez en contact visuel avec la ou les personnes que vous avez rencontrées
Evaluez la différence entre voir et ne pas voir avec qui on est en contact.

Puis entrez en contact visuel avec les autres dans la pièce et avec tout ce qui vous entoure. Evaluez les changements éventuels.

 Choisissez-vous un partenaire et partagez avec lui ce que vous venez de vivre. Puis éventuellement à quatre.

 Feed-back en grand groupe ou en petits groupes (selon le nombre de personnes), résumer les impressions, remarques, réactions.

Etre spécialement attentif à savoir, pour l’animateur, à dire (pour les participants) si cet exercice est adapté au groupe, c’est à dire
- comment le groupe le reçoit
 s’il est prêt à d’autres exercices de ce genre dans la journée ou si cela lui suffit

Alternative 2

1. se promener dans sa bulle, sans regarder les autres.
2. idem en adoptant une attitude corporelle qui va avec “je reçois une bonne nouvelle”
3. idem en croisant rapidement le regard avec les autres, juste pour voir
4. idem en gardant le contact quelques secondes
5. idem en communiquant quelque chose en silence “la bonne nouvelle, c’est que nous soyons là - ici - tous les deux
6. idem en ajoutant un contact physique qui nous convient.

Alternative 3

complémentaire Léonard de Vinci

 Yeux ouvert : passer de la vision focalisée à la vision périphérique, en largeur, en hauteur.

Préparation de la vision périphérique : Index devant les yeux à environ 30 cm. Les regarder, puis les écarter lentement en continuant à les voir. Les ramener au centre. Idem à la verticale. Ressentir les différences dans son corps, dans son esprit.
Préparation de la vision focalisée : fixer un point devant soi et en se centrant dessus, ignorer tout ce qui l’entoure.

 Yeux fermés : repasser en esprit les CONTOURS des formes perçues précédemment (objets, personnes) et les MOUVEMENTS, les gestes (évoquer).

- Marcher (idéalement pieds nus) sur différents supports.
On peut le faire en réel ou en imagination.
Si on le fait en réel, en classe, la préparation du dispositif peut être une activité collective profitable avec les élèves, un projet à mettre en place avant d’expérimenter et de tirer les conclusions.

• textures : planches, gravier, sable, briques, eau (fine couche ou plus profonde)
• degrés de rugosité ou glissant
• plans inclinés avant-arrière, gauche-droite
• température
- ressentir en imagination
- préparer le pied au changement

Avec tout le corps (en imagination) : sentir tout son corps dans la chaleur d’un sauna, puis dans la fraicheur d’une douche plus froide, de plus en plus froide, sous une cascade en montagne ; sentir son corps baigné d’huile, puis dans un essuie bien chaud ou frais…

Note. Ecoute de la musique

Ecoutez non pas avec vos oreilles seulement, mais avec tout votre corps, toute votre peau. Pieds nus, c’est encore mieux.
S’installer confortablement.
Laissez résonner dans la vertébrale. Repérez à quel endroit la musique résonne, sur chacune de vos vertèbres, comme sur une harpe intérieure. Votre corps est un instrument qui va recevoir la musique, que vous allez laisser résonner, sans porter de jugement. Restez dans la sensation, dans la sensibilité, sans entrer dans l’émotion ni dans l’intellect.
C’est plus facile si on peut être couché sur un sol en bois. (Les personnes atteinte de surdité placent parfois les haut-parleurs face au sol).


Analyse

Le fait de marcher en “pleine conscience” (comme on dit maintenant) et de varier l’allure est un facteur de détente. Mais c’est aussi bien d’autres choses, c’est aussi l’occasion de s’exercer à percevoir avec ses 5 sens, et même ses « 10 sens », comme je le préconise avec un clin d’oeil, puisque chaque sens a une face externe et une face interne. Par exemple, pour la vision, nous avons tous une capacité de nous remémorer (“revoir dans sa tête”, comme dit de la Garanderie) et tout autant une capacité de construire une image visuelle (“voyez devant vous un éléphant rose avec des oreilles vertes”). On peut aussi se faire une représentation mentale auditive, kinesthésique, olfactive ou gustative. Le kinesthésique, plus large que le toucher, englobe les sensations de mouvement, de position pour les aspects externes, et de tension, de détente, de chaleur, etc pour les aspects internes.

On peut jouer aussi avec les synesthésies, qui sont les associations entre divers canaux sensoriels et souvent des portes d’accès par un des sens vers un autre (je vois la pochette du disque ou du CD, et cela m’évoque la musique ; cette odeur déclenche une image ; ce son, je l’entend rouge…).

J’ai utilisé le mot “jouer”. Il s’agit en effet de différents clavier multi-sensoriels, avec lequel, comme un organiste, chacun peut voyager dans le monde sensoriel, pour plus de créativité, une compréhension plus large et profonde, une meilleures mémorisation, une palette plus large pour s’exprimer et se faire comprendre…

Divers auteurs et pédagogues ont développé ces possibilités, la PNL les a conceptualisées dans un but pratique, et les recherches récentes en neurologie ont amélioré la compréhension qu’on avait des différentes fonctions sensorielles :

“Aux cinq sens d’Aristote, il faut aujourd’hui ajouter la proprioception, la cognition motrice et la perception de la douleur. Lorsque la cognition se détériore, la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer voit le monde qui l’entoure avec son expérience sensorielle, sans qu’elle puisse toutefois intégrer toutes ces informations pour comprendre le contexte. Le traitement des multiples informations sensorielles par le cerveau est étroitement lié à des processus cognitifs. Les déficits sensoriels réduisent considérablement l’autonomie des personnes malades dans la vie quotidienne, leurs relations avec autrui, augmentent leur isolement social et le risque d’accidents. Les professionnels impliqués dans les maladies neurodégénératives restent insuffisamment sensibilisés aux déficits sensoriels, qui peuvent fausser l’évaluation de la cognition.”

Cet extrait, qui concerne la maladie d’Alzheimer, peut être élargi et concerne aussi le monde de l’apprentissage car là aussi les professionnels “restent insuffisamment sensibilisés” non seulement aux déficits sensoriels mais aussi à l’importance de cet aspect dans l’apprentissage pour tout apprenant. Celui-ci, tout autant que la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, voit le monde à travers son expérience sensorielle et traite de multiples informations sensorielles en liaison avec des processus cognitifs. (cf. l’intro) Si les apprenants sont trop peu sensibilisés aux processus sensoriels qui leur sont propres, on peut craindre que cela réduise leur autonomie et leurs relations avec autrui (on l’a vu plus haut avec Linda Williams, Jean Houston, etc…) [1]

Voici quelques indications complémentaires récentes (2015)

VOIR Kenigsberg PA, Aquino JP, Berard A, Boucart M, Bouccara D, Brand G, et al. Les fonctions sensorielles et la maladie d’Alzheimer : une approche multidisciplinaire]. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2015 ; 13(3) : 243-58 doi:10.1684/pnv.2015.0553
De point de vue de l’enseignement, deux réflexions :
ce que nous apprend la psycho-neuro-psychiatrie ne peut-elle pas ouvrir de nouvelles pistes pour l’apprentissage ?
Une éducation multi-sensorielle dès l’école primaire (et maternelle cela va de soi) ne serait-elle pas de nature à stimuler l’activité multi-sensorielle tout au long de la vie (voir aussi “La pleine conscience multi-sensorielle”), ce qui ne peut qu’améliorer la qualité de la fin de la vie ? L’article dont je parle plus haut à propos de la maladie d’Alzheimer met en valeur l’utilité d’un support multi-sensoriel dans ce cas.
Je reprends en annexe quelques extraits de cette étude multidisciplinaire (un groupe d’experts de renommée internationale, couvrant un large éventail de disciplines (neurobiologie, neurologie, neurophysiologie, ORL, psychiatrie, psychologie) et un champ d’expertises sensorielles (vision, audition et troubles de l’équilibre, goût, olfaction, proprioception, douleur, neuro-anatomie fonctionnelle, intégration multi-sensorielle). Voir annexe 2

Annexe 1 : (EXTRAIT DES CARNETS DE LÉONARD) [2] Complément Léonard de VINCI

1. VUE

1/ EN MARCHANT (voir plus haut)

2/ EN ETANT ASSIS

 Index devant les yeux à environ 30 cm. Les regarder, puis les écarter lentement en continuant à les voir. Les ramener au centre. Idem à la verticale.
- Expirer.
 ”Adoucir” le regard en détendant les muscles du front, du visage de la mâchoire, en étant réceptif au plus grand champs visuel possible. Ressentir l’effet dans son corps et dans son esprit.
Défocaliser revient à regarder flou, regard vague, au lieu d’un regard pointu, aigu.
Remarque. Il est bien utile de pouvoir varier la focalisation sur un événement, une scène ou une personne, car cela permet de dédramatiser, de dépassionner une situation dans laquelle on se sent coincé.

Sentir différentes granulation s’écouler entre des doigts (sable fin, petit gravier, riz, petits galets ronds, sucre impalpable, farine, huile, éther, miel ou sirop… Préparer sa main à aller sous un robinet d’eau froide, chaude ; préparer et rencontrer l’inverse ; ressentir et agir.
visualiser un objectif : gestes, mouvement. Idem pour un objectif plus large, la fin d’une activité, d’une journée…

2. TOUCHEZ la nature

Sortez explorer les différentes textures rencontrées dans la nature : l’écorce et les feuilles de différentes essences d’arbres, l’herbe, les pétales des fleurs, la terre, la fourrure d’un chien ou d’un chat. (142)

3. Dessinez de LA MUSIQUE

Écoutez votre musique préférée. Pendant que vous l’écoutez, traduisez vos émotions par des formes et des couleurs.

Recherchez les temps forts et les temps faibles : c’est là une des façons les plus simples et les plus agréables d’approfondir votre appréciation de la musique et votre plaisir d’écoute.

Écoutez votre musique préférée en fonction des quatre éléments
Léonard et ses contemporains voyaient souvent le monde en fonction de ses éléments, soit la terre, le feu, l’eau et l’air. C’est là une excellente façon d’envisager la musique. Quels sont les éléments dominants dans la musique que vous aimez ? Efforcez-vous de cataloguer vos compositeurs et vos artistes favoris en fonction de l’élément dominant qui les caractérise.

4. LA SYNESTHÉSIE

La synesthésie, ou l’union de tous les sens, est une caractéristique des grands esprits et des génies scientifiques.
Vous pouvez raffiner votre “Sensazione” en développant votre sensibilité synesthésique. Une façon simple d’y parvenir consiste à décrire chaque sens en fonction des autres. Faites les exercices suivants.

Transposez les couleurs en sons
Examinez une reproduction de votre toile préférée. Émettez les sons que vous inspirent ses couleurs, ses formes et ses textures.

Voir Annexe 2