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Voyage au pays de huit

Loin des points, proche du coeur...

Une visualisation multi-sensorielle en PNL

voyage imaginaire (cycle 5-8)

« on pourra repérer là où il y a des failles, des discordances, des images fausse ou des processus de combinaisons approximatifs... Et on pourra s’occuper des morceaux manquants dans la carte de l’enfant, dans sa "structure profonde"  [1]>  »

Nous allons faire un voyage au pays de huit.

Approchez-vous de lui. Peut-être que vous êtes sur la ligne des nombres, que vous quittez le sept et vous approchez du huit. regardez-le. Comment est-il ? sa couleur, sa forme, sa grandeur, sa position, qu’y a-t-il autour de lui, regardez ce qui l’environne... Faites avec votre corps le mouvement qu’il fait, et avec votre main, votre pied, sentez comment il s’étend dans l’espace, comment il tourne. Entendez le bruit qu’il fait : est-ce tout doux, brusque, criard ou bien cela ressemble à une musique... Entendez son nom : huit. Entendez son nom avec ma voix. Et entendez maintenant dans votre tête le nom avec votre propre voix. Peut-être a-t-il une odeur. Respirez-là. Et un goût, si on le met dans sa bouche. Qu’est-ce qu’il goûte ?

Maintenant, vous pouvez aussi devenir le huit. Sentez comment c’est quand on est un huit. Sentez-le dans votre corps. Est-ce agréable, désagréable ? chaud, froid, doux, ou rugueux... etc.

Maintenant vous allez voir le huit se diviser. Voyez-le se partager en huit petits morceaux. Vous voyez des petits morceaux de quoi ? Peut-être que ce sont huit petit "un", peut-être des objets, avec une forme, une couleur...Et dans votre tête vous comptez les morceaux, un, deux, trois... (ici, les enseignants, qui s’y connaissent mieux que moi, pourront introduire la différence entre le cardinal et l’ordinal...) Maintenant les morceaux vont se regrouper en petits paquets, en quatre petits paquets, puis en deux... Voyez ce qui se passe... Dites-vous dans votre tête ce qui se passe... Sentez les morceaux se regrouper, sentez-les comme si c’était en vous, ils se ramassent par deux, par quatre...

Il rencontre un autre huit... Ils partent se promener, ils font "seize".

Et toute une histoire commence... Il y en a qui se perdent en route. On va compter ceux qui sont restés là... On va chercher ceux qui sont partis...

Etc...

Maintenant, quand les enfants dessineront leur voyage au pays de huit, puis verbaliseront leurs dessins, on pourra repérer là où il y a des failles, des discordances, des images fausse ou des processus de combinaisons approximatifs... Et on pourra s’occuper des morceaux manquants dans la carte de l’enfant, dans sa "structure profonde".

Pour des plus grands, on peut utiliser le même processus pour des concepts plus abstrait, comme le zéro, l’infini, le participe-passé, la révolution industrielle ou le théorème de Pythagore...

Commentaire :

Le mot "contrarier" ne fait pas partie du vocabulaire de la PNL, parce qu’il s’agit toujours de partir du modèle du monde de l’autre, et parce qu’un objectif de changement est toujours à négocier avec l’autre. On dira en PNL qu’il n’est pas "écologique" d’envisager un changement chez l’autre sans que toute sa personne adhère à l’objectif de changement - écologie interne - et sans avoir vérifié que ce changement se fera en harmonie avec son environnement - écologie externe. Il s’agira donc de veiller ici aux « bénéfices secondaires », de tenir compte des implications affectives et relationnelles d’un changement préconisé. J’insiste parce que cela me parait un des apports les plus pertinents de la PNL et qu’oublier de vérifier l’écologie avec l’interlocuteur, avec l’apprenant, c’est vider la PNL de sa substance et donc de son efficacité.

Concrètement, on va donc s’accorder au canal de communication privilégié de l’enfant. Il va de soi que devant une classe, la seule chose qui sera possible, c’est d’utiliser tous les canaux sensoriels pour que chacun s’y retrouve, se sente "sur la même longueur d’onde" : on fera appel au visuel, à l’auditif, et au kinesthésique (incluant l’olfactif et le gustatif). Ceci veut dire à mon sens pas seulement parler en termes kinesthésiques, mais si possible aussi faire bouger, faire manipuler, faire (res)sentir...

Antoine de la Garanderie ne dit pas autre chose (à part le kinesthésique qu’il laissait curieusement de côté - mais pas ses successeurs comme Michèle Giroul) : il propose clairement de toujours commencer par faire référence au canal préférentiel de l’enfant : s’il est visuel, on lui dira "Vois cela. Revois-le dans ta tête. Tout en continuant à le voir dans ta tête (à l’évoquer visuellement), maintenant redis-toi les mots, comment cela s’appelle, comment tu le décris avec des mots..." Il fera donc glisser progressivement l’enfant dit "visuel" vers une combinaison visuelle-auditive. Idem dans l’autre sens pour l’auditif ("Tu entends les mots ? OK. Maintenant, ré-entends les mots dans ta tête. Bien. Tandis que tu ré-entends les mots, ceux que j’ai dit, ou tes mots à toi, fais-toi une image...

C’est donc cela qu’on fera aussi en PNL, tout en étant plus complet, puisque l’auditif, en PNL ne sera pas seulement verbal, digital, mais aussi analogique "Entend" les bruits que cela fait..." et que tant l’auditif, que le visuel ou le kinesthésique pourra être enrichi de sous-modalités sensorielles (couleurs, luminosité, forme, grandeur, tonalité, texture, mouvement...)

"entend" veut dire en fait "imagine" : on est dans un champs métaphorique. En général, l’enfant y entre de plain pied. S’il achoppe, on peut facilement lui préciser la différence avec la réalité. Bien sûr, si on est dans un contexte scientifique, on sera très rigoureux dans les termes d’une visualisation.

Nous allons donc guider l’enfant vers un élargissement de son mode d’approche.

Tout ce qu’il ne sait pas encore faire, toutes les modalités ou les processus pour percevoir ou évoquer, vont élargir ses possibilités de compréhension et de mémorisation.

Je donne en annexe un exemple pour une classe de 1ère année primaire : le nombre "huit".

Si on est devant toute une classe, le plus intéressant est d’offrir un maximum de crochets sensoriels aux enfants, pour que chacun y trouve son compte.

Alors seulement, avec les enfants en difficulté, on recherchera ce qu’il y a lieu de compléter ou d’élargir.

On ne va jamais aller à l’encontre d’un processus. On ne va jamais non plus viser à éliminer quoi que ce soit. En PNL, on dit "si c’est pas cassé, on ne répare pas." On va renforcer d’autres processus plus pertinents, plus productifs, où en faire découvrir de nouveaux, que l’enfant adoptera s’il constate qu’ils sont plus efficaces.

Cette découverte de nouveaux processus se fera idéalement par un échange en classe entre les enfants. En fin de primaires (et je pense dès le cycle 8-10), ils sont capables d’expliquer comment ils ont procédé, ce qu’ils ont fait "dans leur tête", et de s’apporter mutuellement de nouvelles stratégies cognitives.

Michel SIMONIS, 2005

Un extrait de cet article est cité comme exemple en annexe de la lettre "Individualisation des apprentissage, Une mise au point…"

Référence :
Jérôme Brunner, "Le oui et le non".
"Le développement de l’enfant. Savoir faire, savoir dire", Puf, Rééd. en français en 2011. Voir

Bibliographie :

 "Education multi-sensorielle" plaquette de Jean Houston, éditée par Multivesité. (bientôt en pdf sur ce site)

 "Penser, apprendre, oublier" de Frédéric VESTER, chez Delachaux et Niestlé, 1984